• L'automne se dit (qiū) ou 秋天 (qiūtiān) ou 秋季 (qiūjì), avec signifiant ciel, jour, et saison.

    est composé de (hé), une pousse de céréale, et de (huǒ), feu.

    Shuowen donne une indication très précieuse, en disant que est la partie sémantique, la partie phonétique étant une forme simplifiée de Que nous raconte l'automne ?.

    Ce dernier est formé d'un / (guī), tortue, au-dessus d'un feu . Une tortue à la broche ? C'est bien compliqué pour expliquer la présence du feu. Heureusement, Shuowen donne la forme ancienne (en script , zhòu) non simplifiée suivante Que nous raconte l'automne ?. Cela représente un au-dessus d'un et, à droite, ce qui semble être une tortue.

    Une tortue n'a pas beaucoup de sens. C'est en réalité un criquet déformé. Sur ossécaille, il y a en effet un caractère Que nous raconte l'automne ?, représentant un criquet ou un grillon en train de... griller. Du temps de Xia, Shang, en automne, on avait effectivement l'habitude de brûler la paille pour chasser les animaux, brûler les insectes nuisibles...

    Dans Le Livre des Odes, on apprend qu'en octobre, les criquets viennent sous mon lit, sans doute chassés par les feux champêtres.

    À cette grillade de criquet, on a ajouté plus tard un sémantique, déformé le criquet en tortue, ce qui donne Que nous raconte l'automne ?. On a aussi enlevé l'insecte plus tard, réarrangé un peu et pour donner enfin .

    , de destruction d'insectes en automne, est finalement emprunté pour signifier automne lui-même.

    Un mot sur la tortue. C'est une déformation qui a donné naissance à de nombreuses variantes de , notamment Que nous raconte l'automne ?.

    Pour terminer, signalons que, suivant l'énergétique chinoise, l'automne est associé au métal pour l'élément, au blanc pour la couleur, au poumon pour l'organe, à l'Ouest pour l'orientation, et à la tristesse pour l'émotion.


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  • Après les fausses interversions de caractères, voici quelques vraies interversions signalées entre autres par un linguiste de la dynastie Qing.

    Interversions de caractères (3)

    Dans l'article C'est moi du 26/03/14, nous avons vu (zuì), faute et châtiment, qui s'écrivait initialement , formé d'un au-dessus d'un (xīn), respectivement un nez et un instrument de torture. C'est ce même instrument qu'on trouve dans , ce qui confirme qu'à l'origine était bien un condamné, un serviteur.

    Articles de la série Interversions de caractères

    http://shangdaer.eklablog.com/interversions-de-caracteres-1-a112773182

    http://shangdaer.eklablog.com/interversions-de-caracteres-2-a112855346

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  • Dans la première partie, Interversions de caractères (1), nous avons examiné les trois premiers cas de fausses interversions. Voyons aujourd'hui les trois cas restants.

     

    (shè), tir à l'arc, et (ǎi), petit, nain

    Prétendue confusion : est composé de (shēn), corps, et de (cùn), unité de longueur, très court, très petit ; il devrait donc signifier nain. est composé de (shǐ), flèche, et de (wěi), dont l'un des sens est abandonner, il devrait donc signifier tirer à l'arc.

    Réponse : Le tableau ci-dessous montre que était un arc et une flèche sur ossécaille. Une main a été ajoutée sur bronze. Sur le sigillaire, l'arc était déformé en et la main en .

    Interversions de caractères (2)

    Notons qu'avant + , il y avait une forme intermédiaire + , c'est-à-dire dont la forme « sigillaire » serait Interversions de caractères (2).

    Shuowen a un ancien caractère , composé d'un arc (gōng), et d'une flèche . On pense qu'il pourrait être une forme ancienne de .

    De même, nous avons un caractère moderne (yǐn) qui signifie entre autres tendre un arc. Cela doit être le sens originel. En effet, se compose d'un arc et d'un qui pourrait être la déformation d'une flèche. Nous retrouvons encore un arc et une flèche.

    Pour , la présence d'une flèche n'est sans doute pas saugrenue. On explique qu'on utilisait l'arc (6 ) et la flèche (3 ) pour mesurer des distances plus ou moins grandes. (duǎn), court, par exemple, contient aussi une flèche. D'autres linguistes pensent cependant que pourrait être une déformation de (fū) ou de (lì).

    est seulement phonétique. De toute façon, il signifie jeter, abandonner, c'est difficile de l'associer avec un lâcher de flèche.

     

    (niú), bœuf, et (bàn), moitié

    Prétendue confusion : il manque un trait oblique à droite de , ça devrait signifier moitié ; a deux cornes et devrait signifier bœuf.

    Réponse : Considérons d'abord (bā), initialement séparer, opposer. Quand il a été emprunté, très tôt, pour signifier huit, on a ajouté un couteau (dāo) pour former (fēn). Il s'agit donc de séparer à l'aide d'un couteau.

    Interversions de caractères (2)

    Nous trouvons encore ce dans . Sur le tableau ci-dessus, nous voyons un au-dessus d'un bœuf . Il s'agit de découper un bœuf en deux, le bœuf pouvant être juste un symbole. En plus de ce sens de moitié, a donné naissance à trancher, au sens de juger. C'est (pàn), composé de et d'un couteau .

    En examinant , nous constatons que, lors du passage du sigillaire à l'écriture moderne, les cornes de notre bœuf se sont aplaties et sont maintenant comprises dans l'espèce de croix de Lorraine Interversions de caractères (2). Cela n'a aucun sens de dire qu'il y a une corne sur , et deux sur .

    Au fait, c'est avec le style des scribes 隶书 (lìshū) que a perdu sa symétrie pour devenir Interversions de caractères (2). Nous en ignorons la raison.

     

    方 (fāng), carré, et 圆 (yuán), rond

    Prétendue confusion : On ne voit rien de carré dans , il ressemble au contraire à qui, lui, se prononce yuán comme . D'autre part, ce est tout carré, on le prendrait plutôt pour un carré.

    Réponse : On ne remet pas en cause la signification de (kǒu), bouche, par exemple, sous prétexte qu'il n'existe pas de bouche carrée. Il y a quelques milliers d'années, les caractères ossécaille ne sont plus de simples dessins figuratifs, les caractères sémantico-phonétiques y sont déjà de l'ordre de 20%.

    L'étymologie de n'est pas très évidente. Le sens de carré n'est sans doute pas d'origine. D'après Shuowen, il s'agit de deux barques amarrées ensemble. D'autres pensent que c'est une charrue à manier à deux.

    Interversions de caractères (2)

    On peut y voir également un couteau accroché. Ce pourrait alors être un nom d'état, comme 國/国 (guó), état, qui est dérivé d'une hallebarde (gē). Voir notre article Étymologie - 中国 du 01/02/14.

    Articles de la série Interversions de caractères

    http://shangdaer.eklablog.com/interversions-de-caracteres-1-a112773182

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  • Le chinois évolue. Au cours des siècles, le sens d'un mot peut changer de façon plus ou moins importante, ou même s'inverser. Certains caractères se sont même échangé le sens !

    Nous allons nous intéresser d'abord à de fausses interversions.

    En mai 2005, j'ai découvert une telle liste sur un site d'éducation. Les explications étaient tellement oiseuses que j'ai fait alors un article là-dessus. À mon grand étonnement, cette liste est toujours reprise sur de nombreux sites de nos jours.

    Vous trouverez cette liste en cherchant sur Internet 汉字里的张冠李戴 (hànzì li de zhāng guān lǐ dài), que je traduirai par interversion dans les caractères chinois, 张冠李戴 signifiant littéralement chapeau de Zhang porté par Li. La réciprocité est sous-entendue.

    Cette liste contient six couples de deux caractères. Voyons d'abord les trois premiers couples.

    (fèng), phénix et 鸭 (yā) canard

    Prétendue confusion : Le phénix ( en simplifié, en traditionnel) est la reine des oiseaux ; or il s'écrit 凡鸟 (plus précisément 凡鳥, fán niǎo), oiseau ordinaire. Quant au canard, c'est un oiseau ordinaire, or il s'écrit 甲鸟 (jiǎ niǎo), premier oiseau [1].

    Réponse : le de et le de sont phonétiques, il ne faut pas leur chercher d'autres significations. Notons qu'en simplifié, le de est un petit tabouret et se prononce , il n'a donc aucune fonction dans .

    (chuī), cuisiner, et (yān), fumée

    Prétendue confusion : est composé de (qiàn), manquer, et de (huǒ), feu ; qui dit manque de feu dit fumée. est composé de (yīn), à cause de, grâce à, et de (huǒ), feu ; c'est grâce au feu qu'on fait la cuisine.

    Réponse : le de ne signifie pas manquer, mais souffler. Il s'écrit en effet Fausses interversions de caractères (1) en ossécaille, et représente un homme avec une bouche ouverte. Nous l'avons dans (chuī), souffler, en ossécaille Fausses interversions de caractères (1), ou dans 呵欠 (hēqiàn), bâiller. Avec un souffle sur le feu, il ne manque pas du tout de feu pour cuisiner.

    Pour la fumée, il faut savoir que la forme traditionnelle est à l'origine, n'était qu'une variante. De toute façon, est seulement phonétique.

    出 (chū), sortir, et 重 (zhòng), lourd

    Prétendue confusion : est formé de deux (shān), montagnes, et devrait donc signifier lourd. est composé de 千里 (qiānlǐ), mille lis, c'est-à-dire loin, et convient donc mieux à sortir pour aller loin.

    Réponse : s'écrit Fausses interversions de caractères (1) en ossécaille, on voit un pied sortant d'une caverne, il s'agit bien de sortir.

    Il n'y a pas de en ossécaille. Sur bronze, cela s'écrivait Fausses interversions de caractères (1) ou Fausses interversions de caractères (1). La première forme montre plus clairement un homme portant une sorte de paquetage. Une forme plus ancienne Fausses interversions de caractères (1) est encore plus explicite. Il s'agit bien de porter un fardeau.

    Voici une belle illustration du dernier caractère sur bronze (source : Institut d'Histoire et de Philologie, Académie chinoise, Taïwan) :

    Fausses interversions de caractères (1)

    À droite de , il y a une main tenant une sorte de hache de pierre, c'est (fù), père, que nous avons vu le 25/02/14 dans l'article Étymologie - ; le caractère du bas est (bǐng), le troisième des dix Troncs Célestes.

    Dans le prochain article, nous verrons trois autres cas de fausses interversions.

    [1] est le premier des dix Troncs Célestes, et est souvent emprunté pour signifier le premier, le meilleur.

    Articles de la série Interversions de caractères

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  • Il y a quatre femmes qui ont marqué l'histoire de la Chine par leur beauté. Il s'agit de 西施 (Xī Shī), 杨玉环 (Yáng Yù Huán) ou 杨贵妃 (Yáng Guì fēi), 貂蝉 (Diāo Chán) et 王昭君 (Wáng Zhāo Jūn). Mais la plus belle d'entre toutes est et restera 西施.

    Voyons quand mêmes quelques autres beautés.

    Le 12/03/14, nous avons publié Quand une impératrice joue à Cang Jie, avec une belle photo de l'impératrice, pardon, de l'actrice 刘晓庆 (Liú Xiǎo Qìng) jouant le rôle de l'impératrice Wǔ Zé Tiān.

    Beautés légendaires

    On raconte qu'à 80 ans, l'impératrice était encore belle comme une femme de la trentaine. Était-elle vraiment si belle ?

    Dans 皇泽寺 (Huáng Zé Sì), le seul temple à la mémoire de l'impératrice, il y a une statue qualifiée de 真容 (zhēn róng), véritable portrait :

    Beautés légendaires

    Je vous laisse juger vous-mêmes.

    240 ans après la mort de l'impératrice, un texte classique [1] décrivait la princesse 太平 (Tài Píng) en ces termes : la princesse était bien enveloppée, avec le front et les joues larges. La princesse ressemble donc à son impératrice de mère.

    Mais, plutôt que de nous lancer dans d'inutiles conjectures, voyons quelques beautés auxquelles la télévision ou le cinéma nous font rêver, et pour lesquelles des photos existent.

    Voici, à la télé, la belle 瑾妃 (Jǐn Fēi), concubine de l'empereur 光绪 (Guāng Xù, 1875-1908) :

    Beautés légendaires

    Voici une photo montrant 瑾妃 bien ronde à gauche, l'impératrice douairière 慈僖 (Cí Xī) au milieu, et l'impératrice 隆裕 (Lóng Yù) à droite :

    Beautés légendaires

    Une 福晋 (Fú Jìn) désigne la femme légitime d'un noble mandchou, une concubine sera une 侧福晋 (Cé Fú Jìn).

    Voici une belle 福晋 :

    Beautés légendaires

    Voici sans doute une 福晋 et une 侧福晋 :

    Beautés légendaires Beautés légendaires

    Voici la dernière concubine impériale 文绣 (Wén Xiù) qui a divorcé du dernier empereur 溥仪 (Pǔ Yí) :

    Beautés légendaires

    Notons qu'après le divorce, elle a utilisé la pension qu'elle a reçue à la construction d'une école primaire, et s'est consacrée à l'enseignement. Pour son courage et sa générosité, chapeau !

    [1] Il s'agit de 唐书 (Táng shū), 945, renommé plus tard en 旧唐书 (Ancien Táng shū) quand un 新唐书 (Nouveau Táng shū) a été publié en 1060.


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