• C'est moi

    Dans l'article Les cinq sens - l'odorat, nous avons vu que (zì) signifiait (bí, nez) au départ, mais qu'il était très vite détourné pour :

    • désigner soi-même, par exemple 自己 (zìjǐ, soi-même) ; pointer le doigt vers son propre nez est un langage corporel clair pour désigner soi-même. [1]
    • servir de préposition depuis, par exemple 自从 (zìcóng, depuis)

    Je connais un seul exemple dans lequel était utilisé dans le sens originel. C'était un oracle ossécaille qui consignait une maladie de nez du roi Shang, demandant si c'était grave, si cela annonçait des malheurs futurs. Le mot utilisé était 疾自 (jízì), qu'il faut lire 疾鼻 (jíbí), c'est-à-dire 鼻疾, maladie de nez comme on dit de nos jours [2].

    Comme preuve indirecte, il y a bien entendu (sentir) dont nous sommes partis, et qui représente un chien surmonté d'un nez . Nous avons aussi le souffle (xī) qui comporte un , parce qu'un souffle, ça passe par le nez. Voir l'article D'où viennent les nouvelles.

    Il y a aussi 辠 (zuì), formé d'un au-dessus d'un (xīn), respectivement un nez et un instrument de torture. C'est la forme originelle de , crime et châtiment. Oui, vous avez bien compris, le nez et cet instrument tranchant.

    Dans le dictionnaire Shuowen (an 100), il y a un mot à propos de ce 辠. L'empereur 秦始皇 (Qin Shihuang), n'admettant pas que 辠 ressemble même un peu à (huáng, empereur), l'aurait fait remplacer par [3].

    En réalité, et 辠 étaient interchangeables depuis bien avant Qin.

    Nous avons aussi C'est moi, avec un nez/ et un couteau (encore !). C'est la forme initiale de 劓. Je n'ai pas trouvé l'équivalent C'est moi, mais il y a , reconnu par des dictionnaires anciens comme étant une variante de 劓.

    Notons enfin qu'en sigillaire, s'écrivait C'est moi, avec un au-dessus. Ce était interprété au sens de premier (voir 秦始皇, dit Premier Empereur). Mais cela ne colle pas avec le bronze, il est possible que cela ait été modifié pour 秦始皇.

    [1] (bí) signifiant moi-même, savez-vous ce que signifie 鼻鼻 en français ? C'est moi

    [2] En chinois moderne, l'organe qui souffre ou est malade est généralement le sujet, ou est un complément placé devant. On dit par exemple 鼻疾, ou 头疼 (tóuténg, mal de tête, ou la tête a mal). En ossécaille, à l'inverse, l'organe est un complément d'objet mis derrière, comme 疾目 (jímù, malade des yeux), ou 疾首 (jíshǒu, malade de la tête).

    [3] s'écrivait initialement C'est moi. Avec sa racine (wǎng, filet de pêche), c'était à l'origine un panier de pêche. C'est avec le style des scribes que la racine est devenue 罒.

    NB. Le présent article était initialement publié le 09/01/14 sur http://shangdaer.blogspot.fr/.


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