• Interversions de caractères (1)

    Le chinois évolue. Au cours des siècles, le sens d'un mot peut changer de façon plus ou moins importante, ou même s'inverser. Certains caractères se sont même échangé le sens !

    Nous allons nous intéresser d'abord à de fausses interversions.

    En mai 2005, j'ai découvert une telle liste sur un site d'éducation. Les explications étaient tellement oiseuses que j'ai fait alors un article là-dessus. À mon grand étonnement, cette liste est toujours reprise sur de nombreux sites de nos jours.

    Vous trouverez cette liste en cherchant sur Internet 汉字里的张冠李戴 (hànzì li de zhāng guān lǐ dài), que je traduirai par interversion dans les caractères chinois, 张冠李戴 signifiant littéralement chapeau de Zhang porté par Li. La réciprocité est sous-entendue.

    Cette liste contient six couples de deux caractères. Voyons d'abord les trois premiers couples.

    (fèng), phénix et 鸭 (yā) canard

    Prétendue confusion : Le phénix ( en simplifié, en traditionnel) est la reine des oiseaux ; or il s'écrit 凡鸟 (plus précisément 凡鳥, fán niǎo), oiseau ordinaire. Quant au canard, c'est un oiseau ordinaire, or il s'écrit 甲鸟 (jiǎ niǎo), premier oiseau [1].

    Réponse : le de et le de sont phonétiques, il ne faut pas leur chercher d'autres significations. Notons qu'en simplifié, le de est un petit tabouret et se prononce , il n'a donc aucune fonction dans .

    (chuī), cuisiner, et (yān), fumée

    Prétendue confusion : est composé de (qiàn), manquer, et de (huǒ), feu ; qui dit manque de feu dit fumée. est composé de (yīn), à cause de, grâce à, et de (huǒ), feu ; c'est grâce au feu qu'on fait la cuisine.

    Réponse : le de ne signifie pas manquer, mais souffler. Il s'écrit en effet Fausses interversions de caractères (1) en ossécaille, et représente un homme avec une bouche ouverte. Nous l'avons dans (chuī), souffler, en ossécaille Fausses interversions de caractères (1), ou dans 呵欠 (hēqiàn), bâiller. Avec un souffle sur le feu, il ne manque pas du tout de feu pour cuisiner.

    Pour la fumée, il faut savoir que la forme traditionnelle est à l'origine, n'était qu'une variante. De toute façon, est seulement phonétique.

    出 (chū), sortir, et 重 (zhòng), lourd

    Prétendue confusion : est formé de deux (shān), montagnes, et devrait donc signifier lourd. est composé de 千里 (qiānlǐ), mille lis, c'est-à-dire loin, et convient donc mieux à sortir pour aller loin.

    Réponse : s'écrit Fausses interversions de caractères (1) en ossécaille, on voit un pied sortant d'une caverne, il s'agit bien de sortir.

    Il n'y a pas de en ossécaille. Sur bronze, cela s'écrivait Fausses interversions de caractères (1) ou Fausses interversions de caractères (1). La première forme montre plus clairement un homme portant une sorte de paquetage. Une forme plus ancienne Fausses interversions de caractères (1) est encore plus explicite. Il s'agit bien de porter un fardeau.

    Voici une belle illustration du dernier caractère sur bronze (source : Institut d'Histoire et de Philologie, Académie chinoise, Taïwan) :

    Fausses interversions de caractères (1)

    À droite de , il y a une main tenant une sorte de hache de pierre, c'est (fù), père, que nous avons vu le 25/02/14 dans l'article Étymologie - ; le caractère du bas est (bǐng), le troisième des dix Troncs Célestes.

    Dans le prochain article, nous verrons trois autres cas de fausses interversions.

    [1] est le premier des dix Troncs Célestes, et est souvent emprunté pour signifier le premier, le meilleur.

    Articles de la série Interversions de caractères

    http://shangdaer.eklablog.com/interversions-de-caracteres-1-a112773182

    http://shangdaer.eklablog.com/interversions-de-caracteres-2-a112855346

    http://shangdaer.eklablog.com/interversions-de-caracteres-3-a113102214


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