• Nom et verbe à la fois

    En chinois classique, les délimitations entre les catégories grammaticales sont très perméables. Un nom peut s'utiliser comme verbe, un adjectif comme nom..., et réciproquement.

    Voyons quelques exemples de noms utilisés comme verbes.

    (yǔ), pluie, utilisé comme verbe arroser.

    • 诗经 (Shi Jing), Le Livre des Odes : 雨我公田 (yù wǒ gōng tián), puisse-elle [la pluie] arroser d'abord nos champs collectifs. NB. Les champs collectifs existaient encore, mais il y avait déjà des terres privées, car la deuxième partie est « puis arroser mes terres privées ».
    • 未雨绸缪 (wèi yù chóu móu), réparer la maison avant qu'il ne pleuve. 绸缪 vient d'un poème du Livre des Odes qui raconte l'histoire de cet oiseau qui répare son nid avant qu'il ne pleuve.

    (yī), vêtement, utilisé comme verbe (se) vêtir.

    • 衣锦还乡, (yì jǐn huán xiāng), s'habiller en brocart doré pour rentrer au pays (après avoir réussi).

    (shù), arbre, utilisé comme verbe cultiver, éduquer.

    • 十年树木,百年树人 (shí nián shù mù, bǎi nián shù rén), il faut dix ans pour faire pousser des arbres, et cent ans pour élever un peuple.

    Je ne résiste pas à l'envie de citer des exemples cantonais.

    Le de 门槛 (mén kǎn) est un seuil de porte, au sens étymologique de pièce de bois horizontale au bas de l'ouverture d'une porte. Dans les constructions anciennes chinoises, le seuil protège contre le vent et autres éléments maléfiques.

    Nom et verbe à la fois

    Il symbolise aussi la dignité du maître de maison. 礼记 (Liji), Le Livre des Rites, rappelle qu'il est interdit de marcher sur le seuil de la porte du souverain.

    D'où le verbe cantonais 槛过, enjamber [le seuil]. Le cantonais a aussi une expression populaire 大步槛过 (dà bù kǎn guò, en cantonais daai6 bou6 laam6 gwo3), littéralement enjamber le seuil puis, de nos jours, enjamber des ennuis.

    Ce petit rappel pour expliquer que, de seuil de porte qu'il faut enjamber, a pris aussi le sens d'enjamber, c'est du moins ce qu'a conservé le cantonais.

    Dans l'article Tu prends ça, je prends ça, nous avons parlé de 说话 (shuōhuà), dire, parler, le mandarin disant et le cantonais .

    est normalement un nom, mais s'utilise comme verbe dans beaucoup de poèmes Tang par exemple. Le mandarin ne l'utilise plus comme verbe que dans des quelques expressions telles que :

    • 话别 (huàbié), dire au revoir.
    • 闲话家常 (xián huà jiā cháng), parler de choses et d'autres.

    Le cantonais, au contraire, utilise couramment au sens de parler, informer, critiquer/gronder et penser/trouver.

    Citons encore 車/车 (chē), voiture. En cantonais (et dans certains autres dialectes), il signifie aussi conduire, transporter. au sens général de machine signifie aussi coudre...

    NB. Dans nos exemples, vous aurez remarqué que est passé de yǔ à yù, et de yī à yì. C'est le phénomène de 破读 (pò dú) en chinois classique, qui consiste à prononcer au quatrième ton certains caractères qui ont changé de sens.


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 9 Mai 2014 à 19:32

    Oh lala, comme je ne suis pas douée pour les langues, faudrait que je revienne sur terre car j'aurais pas assez du reste de ma vie pour apprendre le tout. Mais je trouve ça beau tous ces signes.

    2
    Vendredi 9 Mai 2014 à 21:40

    Pourquoi attendre la prochaine vie smile ? Tu peux lire juste un peu, comme une distraction. Qui sait si ce contact avec notre modeste blog ne va pas éveiller un peu plus d'intérêt ? Merci en tout cas pour tes mots gentils.

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