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Les cinq sens - l'ouïe
L'organe de l'ouïe, 耳 (ěr), était dans l'écriture ossécaille.
Écouter, 聽/听 (tīng), était en ossécaille, avec une bouche ou deux qui disent quelque chose, et une oreille qui écoute. Comme en français, 听, écouter, a aussi par extension le sens de suivre, obéir.
Nous ferons un article spécial sur 聽/听.
聲/声 (shēng, le son), s'écrivait . On reconnaît en bas une oreille et une bouche, c'est-à-dire écouter. En haut, c'est une main qui tient une baguette pour frapper un carillon suspendu. L'ensemble forme bien 聲, après simplification de la bouche 口 (kǒu). Quant au carillon, il deviendra 磬 (qìng), après l'ajout d'une pierre sémantique 石 (shí).
En toute rigueur, par rapport à 聲, 声 n'est donc pas le son (produit par le carillon), mais le carillon lui-même.
聖/圣 (shèng, sage, saint, sacré), était représenté par un homme surmonté d'une oreille ou deux, avec parfois une bouche. Est sage celui qui comprend bien les choses et qui parle bien.
On pense que 聖/圣, 聲/声 et 聽/听 étaient un seul et même caractère. Dans certains textes classiques, on voit en effet 聲/声 là où l'on mettrait 聖/圣 aujourd'hui.
Entendre, c’est 聞/闻 (wén), avec l’oreille 耳 comme partie sémantique, et 门 (mén, porte) comme partie phonétique. Il s'écrivait en ossécaille , un homme surmonté d'une immense oreille. Il existait une variante populaire plus suggestive , une oreille 耳 surmontée de 入 (rù, pénétrer) : on entend quelque chose qui pénètre dans l’oreille. D'après une étude publiée par 徐珂 (Xu Ke) en 1916 sur la dynastie Qing, on sait que était une création cantonaise.
Il y a une expression 听而不闻 (tīngérbùwén), littéralement écouter sans entendre, c'est-à-dire écouter distraitement.
On verra que 闻 va évoluer curieusement vers sentir.
L'ouïe s'appelle 听觉. En chinois classique, c'était 聰/聪. Aujourd'hui, 聰 signifie intelligent, comme dans 聰明 (cōngmíng). 悤 est phonétique. En poussant l'analyse, cependant, on pourrait imaginer le rôle de 囱 (fenêtre, ouverture) et de 心 (cœur, esprit) dans le processus de l'audition.
Pour terminer, un mot sur 取 (qǔ, prendre), composé d'une oreille et d'une main, en ossécaille. Il s'agissait de couper l'oreille gauche des captifs à des fins de comptabilisation en vue de récompense. Cependant, si vous lisez 取女 dans un texte classique, rassurez-vous, il ne s'agissait pas de couper l'oreille de la femme, mais d'épouser celle-ci. En effet, 取 était également la forme originelle de 娶, épouser.
Mais la forme 娶 existe déjà en ossécaille :
NB. Le présent article était initialement publié le 31/10/13 sur http://shangdaer.blogspot.fr/. Nous avons apporté quelques modifications ici.
Tags : sens, ouïe
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