Amandine nous fait une présentation de quelques paragraphes de sa lecture ; lecture courageuse d'un ouvrage un peu difficile car très dense et très spécialisé, mais elle saura peut-être vous donner envie d'en savoir plus.

Compte rendu de lecture dans le cadre de LLCE1 chinois.

Par Amandine Arold, décembre 2013.

Cheng Anne, Histoire de la pensée chinoise, Paris, Éditions du Seuil, 1997, 687 p.

Compte rendu sur la première partie du livre, du chapitre 1 à 3

Anne Cheng expose dans ce livre l'histoire de la pensée chinoise. Elle a divisé son ouvrage en trois parties bien distinctes les unes des autres pour montrer l'évolution à travers le temps. Elle a voulu montrer dans la première partie de son étude les fondements antiques de la pensée chinoise. Elle commence son explication par les origines de celle-ci. Comment et à partir de quand cette pensée est-elle apparue ? Elle s'est donc intéressée particulièrement aux dynasties Shang 商朝 (-1570 à -1121 av J-.C) et Zhou 周朝 (-1121 à -256 av J.-C) à travers lesquelles ont commencé à se développer les bases de la pensée chinoise. Elle nous fait comprendre que le Ciel Tian 天 a une place primordiale pour les Chinois de l'antiquité. Le roi Wang 王 ou Tianzi 天子 (le Fils du ciel) était lié au Ciel pour la divination. Cette pensée s'est fondée autour de sacrifices religieux et de codes rituels à exercer et à respecter. La divination n'était pas un secteur à part de la civilisation chinoise mais faisait partie du quotidien. Elle explique de façon claire et précise l'importance de la divination en Chine lors de ces deux dynasties parmi lesquelles différents cultes et sacrifices envers les ancêtres royaux furent effectués. Les rituels ont permis au peuple chinois de se forger des valeurs et un système de pensée. Les Chinois ont acquis leur humanité grâce à ces rituels ; c'est-à-dire que ceux-ci ont construit l'homme chinois. D'ailleurs pour rendre toute son étude plus explicite, elle s'intéresse par la suite à Confucius Kongzi 孔子 (-551 à -479 av J.-C). Celui-ci, tel « un véritable phénomène culturel » se confond avec tout le destin la civilisation chinoise. Ce maître a façonné la pensée des Chinois. Il a placé l'éducation de l'homme au centre des préoccupations. L'éducation par les textes fut primordiale et a fondé la pensée. L'apprentissage seul pouvait permettre à l'homme de devenir véritablement « humain » 人. Selon ce système de pensée, pour devenir un homme « humain », il fallait se cultiver. L'esprit rituel et le sens du juste forment les contours de l'univers éthique confucéen. Anne Cheng énonce le fait que Confucius a rénové les notions héritées de la culture antique. Il l'a rénovée avec une nouvelle vision de l'être humain. A la fin de cette première partie, elle expose le fait qu'après le confucianisme est apparu Mozi 墨子 (-IV av J.-C) un autre maître de l'Antiquité. Les principes de Mozi ont remis en question les valeurs confucéennes. A la valeur morale confucéenne s'est alors succédé une pensée basée sur des fondements rationnels, ne prêtant pas attention aux sentiments. Mozi a voulu former un homme capable et non un homme de bien comme Confucius. Ces deux courants de pensée se sont contestés après l'unification de l'Empire chinois sous les Qin 秦 en -221.

Enfin, ce livre a une bibliographie importante. Il y a de multiples notes qui sont transmises à la fin d'un chapitre. Cela peut rendre la lecture quelque peu complexe ; néanmoins ces multiples références permettent de donner de la richesse à son discours et de montrer que ses sources sont fiables. De plus, le texte du livre est parfois compliqué à comprendre à cause du niveau de langue. Malgré la difficulté de la lecture, Anne Cheng maîtrise parfaitement son sujet et mène prodigieusement son lecteur à comprendre les fondements de la pensée chinoise. Une citation se trouvant dans l'introduction du livre résume très bien le phénomène étudié : « La pensée chinoise n'est pas de l'ordre de l'être, mais du processus en développement qui s'affirme, se vérifie et se perfectionne au fur et à mesure de son devenir ».